BD. Après l’œil nouveau apporté par Robin Recht, Corentin Rouge et Fred Duval dans les deux premiers tomes de Thorgal Saga, le Lombard a, cette fois, décidé de confier les rênes de Shaïgan à des spécialistes de son univers, je veux bien sûr parler de Yann et Surzhenko, qui, depuis 2011, ont pris en main Louve puis La jeunesse de Thorgal, deux séries parallèles de la série-mère créée par Van Hamme et Rosinski avant que Yann ne reprenne, plus récemment, le scénario de la série « classique »…Pourtant, paradoxalement, ce Shaïgan est le moins enthousiasmant des trois récits. Il faut dire que les deux premiers étaient particulièrement réussis. Mais il y a une autre raison : le choix, au final peu judicieux, de Yann d’intercaler cette nouvelle histoire entre 2 tomes de la série principale (Shaïgan se déroule en effet juste avant Géants, tome 22), pour combler une sorte de « vide » narratif et mettre en images les années de pirate de Thorgal, ou plutôt Shaïgan-sans-merci, comme l’appelle Kriss de Valnor qui, grâce à un ensorcellement, a fait perdre la mémoire à Thorgal pour pouvoir le manipuler et l’épouser…C’est donc un héros méconnaissable, totalement perdu, que l’on retrouve ici, sentant bien que sa place n’est pas au milieu de ces pirates sanguinaires qui ne veulent que piller, tuer et violer mais qui ne sait pas comment faire pour comprendre ce qui lui arrive vraiment. A moins qu’une sorcière ne puisse l’aider à y voir plus clair…
L’idée de Yann pouvait paraître, apriori, intéressante, et elle ravira peut-être les fans absolus de Thorgal, ceux qui en possèdent tous les tomes, puisque Shaïgan s’intègre parfaitement dans la série-mère sauf qu’elle s’avère finalement frustrante car pour connaitre la véritable conclusion de ce récit il faudra ensuite lire ou relire Géants, le tome 22…Un Shaïgan un peu hybride donc : one shot mais pas totalement…Dommage car malgré 1 ou 2 scènes peu naturelles, le scénario de Yann, certes classique, propose malgré tout son lot d’ action, d’aventures et de rebondissements. Et le dessin de Surzhenko, à l’image de la couverture, somptueuse, est tout simplement magnifique.
(Récit complet, 88 pages – Le Lombard)