BD. Californie, 20 septembre 2011. Alan Cole reçoit des journalistes chez lui pour leur raconter son histoire. Celle d’un jeune psychiatre fiancé à une jolie fille dont le père, un ancien général, le pousse à s’engager dans l’armée lorsque les japonais attaquent Pearl Harbor en 1941. Nommé à la base de San Diego, il est en charge du recrutement des marines. Il doit déceler, grâce à une rapide auscultation et quelques questions, s’ils sont aptes à aller au front. On lui demande, aussi, de repérer les homosexuels, indésirables dans l’armée américaine…Une mission délicate qui se complique encore un peu plus quand Alan, au contact de Merle, un jeune engagé, découvre son attirance pour les hommes…
Il a fallu attendre 2011 pour qu’Obama abroge la loi connue sous le nom de « don’t ask, don’t tell » qui obligeait les homosexuels à mentir sur leur orientation sexuelle s’ils voulaient pouvoir travailler dans l’armée américaine…Alcante et Muñoz reviennent, dans ce one shot, le bien nommé G.I. Gay, sur le long chemin de croix que les homosexuels durent emprunter pour, enfin, en arriver là. Ils le font à travers l’histoire d’amour, belle et forte, d’Alan et Merle. Que l‘on croit d’abord impossible parce qu’Alan est fiancé et, surtout, parce qu’être homosexuel dans l’armée américaine, même en temps de guerre, était particulièrement risqué. Son supérieur, le colonel Loomis, lui explique d’ailleurs dans une scène que « l’homosexualité est une maladie. Un virus qui se propage et affecte l’armée qu’il faut éradiquer sans pitié ». Et ceux qui sont surpris avec d’autres hommes sont ainsi envoyés en prison (où ils sont souvent victimes de violences particulièrement brutales…) avant d’être renvoyés…Pourtant, ils arriveront (grâce à la ruse, au début, et à leur courage, ensuite) à vivre leur histoire au grand jour.
Même si la société a beaucoup progressé sur la question, ce genre de récits reste nécessaire pour rappeler la souffrance et les tragédies que les homosexuels ont connu par le passé aux réactionnaires de tous poils…Et si cette histoire de coming out repose sur une narration classique, elle est néanmoins parfaitement maîtrisée et peut notamment compter sur une belle idée : charger un homosexuel qui se découvre de repérer « les attitudes sexuelles déviantes » dans l’armée…Une position squizophrène difficilement tenable que beaucoup de gays ont finalement connu dans leur vie et qui permet aux auteurs de décrire ce qui est un véritable combat intérieur pour Alan. Sans oublier le dessin réaliste, très juste, « à l’ancienne », de Muñoz.
(Récit complet, 128 pages – Aire Libre)