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GINSENG ROOTS (Thompson)

BD. Cela faisait 8 ans que Craig Thompson n’avait pas sorti de livre. Et pour cause : il s’est longtemps demandé s’il n’allait pas arrêter la bande dessinée ! Par manque d’inspiration, par lassitude des critiques rencontrées et parce qu’il avait un souci à la main, un kyste qui le faisait souffrir et rendait difficile l’acte de dessiner. Et puis alors qu’il cherchait un remède (la chirurgie était exclue car peu fiable et les autres pistes médicales n’avaient rien donné) pour sa main, il est tombé sur le ginseng. Qui lui a rappelé immédiatement son enfance, quand ses parents agriculteurs les faisaient travailler, lui, son frère Phil et sa sœur Sarah, dans les champs de ginseng de Marathon, dans le Wisconsin. A désherber, d’abord, aux aurores, alors que le fermier venait tout juste, parfois, d’épandre des pesticides. Puis les années suivantes à retirer les cailloux. Avec comme motivation, les comics qu’ils pouvaient acheter, lui et son frère, grâce à une partie de l’argent gagné. Alors il a suivi la trace de ces fameuses racines que l’on cultivait là où il a grandi pour voir où cela le menait…et Ginseng Roots est progressivement apparu.

Un drôle de roman graphique. Fleuve (plus de 400 pages…), comme souvent avec Thompson. Et hybride puisqu’il croise le documentaire (vous saurez tout sur le ginseng, de ses propriétés à son histoire en passant par sa culture dans les différentes régions du monde ou ses utilisations puisque Thompson part ici à la rencontre, à Marathon où il interviewe des copains d’enfance ou des fermiers pour qui il a travaillé mais aussi en Corée du Sud et en Chine, de cultivateurs de ginseng mais aussi de gens qui le commercialisent ou l’utilisent pour soigner) et l’autobiographie, l’auteur réfléchissant, en chemin, à ses racines à lui : l’enfance (très chrétienne) qu’il a vécue, sa relation, pas très proche, avec ses parents et ses frères et sœurs ou encore ce qui l’a poussé vers le dessin…

Un récit dense (un peu trop parfois, notamment quand l’auteur fait son tour du monde du ginseng…) et riche (l’auteur aborde aussi des thèmes comme la religion, le repli sur soi des américains, la mort et la maladie ou encore la disparition des exploitations familiales au profit des grands groupes agro-industriels), dessiné au stylo pinceau avec un talent fou (les compositions des pages, parfois sans cases et mêlant les dessins dans un même mouvement, sont vraiment inventives), vraiment original. Un cran en-dessous d’Habibi mais très recommandé malgré tout !

(Récit complet, 448 pages – Casterman)

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