BD. Japon, hiver 1590. Orpheline, Hitomi part à la recherche d’un samouraï particulier : il a la peau “noire comme les betteraves”. C’est lui qui a tué, alors que le pays était en guerre, son père, sa mère et ses frères, pour le compte du seigneur Nobunaga. Et elle veut bien sûr se venger. Mais avant cela il faudra gagner sa confiance et devenir son égal pour le battre en duel…
Ce samouraï à la peau noire a réellement existé. L’histoire de Yasuke est en effet présente dans les archives japonaises. On sait, par exemple, qu’il a été réduit à l’esclavage dès son plus jeune âge, qu’il a été élevé par les jésuites, qu’il s’est retrouvé au Portugal avant d’arriver à Kyoto où il servit dans l’entourage du Seigneur Nobunaga. Mais à la mort de ce dernier, on perd la trace de Yasuke. Probablement parce qu’il était noir il n’était pas considéré comme les autres samouraïs. HS Taki s’est engouffré dans cette brèche pour imaginer ce qu’il est ensuite devenu. Et pour raconter son histoire, en tout cas la deuxième partie de sa vie, il a choisi un point de vue inattendu : celui d’Hitomi. C’est en effet à travers elle et son désir de vengeance que l’on découvre qui est Yasuke, son quotidien, ses aspirations et son éthique de samouraï. Tous deux vont ainsi apprendre à se connaître, puisqu’Hitomi va devenir la disciple de Yasuke, à travers les différentes épreuves qui se mettront en travers de leur chemin et autres contrats qu’ils accepteront pour gagner de quoi manger.
Un récit parfaitement mené, habile dans sa façon de brosser ce double portrait qui nous plonge de façon particulièrement réaliste (le trait au crayon, fluide et direct, inspiré de la calligraphie japonaise, de Mazzanti, participe grandement à cela) dans l’univers des samouraïs et de leur code, fondé sur l’honneur. Une belle découverte à ranger entre Kill Bill de Tarantino et Le Clan des Otori de Bachelier et Melchior.
(Récit complet, 144 pages – Urban Comics)