BD. Evariste a eu envie de disparaître. Pour fuir son boulot d’instit, son ex Amandine, les gens, bref toute « cette humanité sclérosée, malade et entassée ». Alors il a pris un billet sur le Manon-Dufresne, bateau qui va naviguer pendant un mois en direction des îles Kerguelen, à l’autre bout du monde, où quelques touristes sont tolérés parmi les 97 scientifiques de l’unique base habitée. L’aventure, pour se retrouver seul face à l’infini de l’océan et de la nature. Un voyage qui va changer sa vie plus qu’il ne le croit….
On aime ces récits déroutants parce qu’insaisissables. La Désolation commence ainsi comme une histoire d’aventure un peu « classique », Appollo (que l’on est heureux de retrouver) et Gaultier mettant alors en scène un protagoniste perdu qui a pris le bateau sur un coup de tête mais qui ne sait pas trop ce qu’il va chercher aux Kerguelen. Mais cela ne dure pas très longtemps car assez vite après l’arrivée d’Evariste sur l’île, le fantastique s’invite dans le scénario qui devient alors bien plus menaçant et grave avant de carrément nous mettre un coup de bâton scénaristique derrière la tête avec son final marquant. Difficile d’en dire plus sans gâcher le plaisir de la lecture…mais sachez que La Désolation nous parle, notamment, de la place de l’Homme sur terre, du rôle nocif qu’il y a joué depuis quelques décennies et des solutions à envisager pour sauver la planète.
Une histoire coup de poing parfaitement mise en images par Gaultier dont le travail graphique sombre (l’auteur ne lésine pas sur les coups de feutre, notamment pour créer des effets d’ombre) est juste idoine. Un très bon récit, qui surprend, provoque, interroge et ne laisse pas indemne !
(Récit complet, 96 pages – Dargaud)