BD. Après la trilogie Les Enfants du désastre, Christian De Metter continue d’adapter Pierre Lemaitre. Et vue les réussites qu’ont été Au-revoir là-haut, Couleurs de l’incendie et Miroir de nos peines, on ne peut que s’en réjouir. Cette fois, l’auteur s’est attaqué à Le Grand monde. Dans lequel on retrouve Albert Maillard, vous savez celui qui avait imaginé l’arnaque aux monuments aux morts à la fin de la guerre 14-18 dans Au-revoir là-haut. Il est devenu Louis Pelletier quand il a changé de nom en arrivant au Liban pour qu’on ne le retrouve pas. Et avec l’argent amassé, il a acheté une savonnerie. Et a eu des enfants. Quatre. C’est surtout leur histoire que l’on suit. Celle de Jean, surnommé Bouboule, qui, à force d’être rabaissé et humilié par sa femme, finit par passer sa rage sur une jeune femme dans les toilettes d’un cinéma. D’Etienne, qui part en Indochine rejoindre un cousin légionnaire et y découvre une arnaque gigantesque à la piastre (la monnaie locale) qui, indirectement, finance le Viet Minh. De François aussi, qui est parvenu à rentrer au Journal du Soir mais doit encore y faire ses preuves. Les documents qu’Etienne va lui transmettre au sujet du fameux scandale vont peut-être lui en donner l’occasion…Et d’Hélène la petite dernière. Quatre destins souvent marqués par la violence, que l’on suit en parallèle façon récit choral (ce qui donne beaucoup de dynamisme à la narration), qui permettent aux auteurs d’aborder les coulisses méconnues de la guerre d’Indochine ou le secret d’état et, surtout, de brosser un portrait sombre de l’Humanité qui semble n’être que violence, mensonge, avidité et manipulation. Porté, comme d’habitude, par un travail graphique grandiose (trait spontané, plein de vie, rehaussé de couleurs à la peinture, découpage d’un naturel impressionnant), Le Grand monde est une nouvelle grande réussite signée De Metter.
(Récit complet, 182 pages – rue de Sèvres)