BD. Un pont, enjambant la Garonne, sépare les villages de Castelnau et Laroque dans le sud-ouest. Le rugby aussi car les deux équipes sont rivales, bien sûr, même si la saison n’est bonne ni pour l’une ni pour l’autre. Mais en cette journée de mai 67, les habitants des deux villages sont dans le même camp : l’US Montauban vient de gagner le bouclier de Brennus pour la première fois de son histoire. Le curé Campariol ; Éric Pellefigues, l’instituteur communiste ; le marquis ; François Amadieu, patron de la briqueterie ; Monique, sa fille et son amie Yveline qui doit passer son bac : tous sont là, sur le fameux pont, à fêter cette victoire…
Tripp et Loisel avaient créé Magasin général à deux alors Tripp devait trouver un autre acolyte pour se lancer dans une nouvelle grande série. Ou plutôt une acolyte puisque c’est Aude Mermilliod qui a imaginé, avec lui, le scénario de Les vents ovales. Une histoire prévue en 3 gros tomes qui a beaucoup de points communs avec la série de Tripp et Loisel. En premier lieu parce qu’il s’agit de nouveau d’un récit choral qui croise les trajectoires d’une galerie de personnages attachants. Mais aussi parce que les scénaristes nous montrent comment ce petit monde rural encore ancré dans ses traditions va être confronté à l’évolution de la société et au désir de changement de sa jeunesse tout comme Serge avait amené avec lui un vent de nouveauté et de modernité à Notre-Dame-des-Lacs, ce petit coin de Québec où se déroule l’action de Magasin général, magnifique série pleine d’humanisme. Ajoutez-y la passion du rugby et l’idéal communiste et vous obtenez Les Vents ovales…qui pourrait bien avoir le même succès que son prédécesseur. Car le duo Tripp/Mermilliod livre, au-delà de sa narration parfaitement huilée, un premier tome réussi à tous points de vue. Les deux auteurs parviennent notamment à rendre leurs personnages éminemment sympathiques et intéressants. Et on a bien sûr très envie de découvrir comment ils vont s’en sortir dans le tome 2. D’autant que Horne livre une partition sans aucune fausse note. Complètement dans le ton, son dessin donne en effet vie à l’univers imaginé (même s’il est très influencé par la jeunesse de Tripp dans le sud-ouest…) par ses deux scénaristes avec brio. Son trait à la fois clair et précis (il accorde notamment beaucoup d’importance aux décors, soignés), tendre aussi, apporte beaucoup de crédibilité et de justesse à l’histoire. Vivement la suite !
(Récit en 3 tomes, 136 pages pour ce tome 1 – Aire libre/Dupuis)