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L’ETE EN PENTE DOUCE (Pelot/Chauzy)

Il lui faut du temps pour réfléchir à tout ça, à Fane. Il y a trop de choses qui se sont passées depuis 3 jours. Des moins belles, avec l’enterrement de sa mère, renversée par un camion devant chez elle. Mais aussi beaucoup de belles: Lilas, la belle Lilas, la plantureuse Lilas que tous les mecs du coin aimeraient culbuter et qui est là à ses côtés, au vieux Fane. Parce qu’il a réglé son compte à cet ivrogne de Shawenhick qui lui mettait tout le temps sur la gueule. Et qu’il lui a filé 100 balles, un lapin et une caisse de bières pour l’avoir. Et la maison. Avec la mort de sa mère, Fane a récupéré la maison familiale. Bon, son frère Mo, retardé mental, avec. Mais tous les 3, avec Lilas, ça va aller. Il va écrire des romans policiers et ils vont vivre peinards tous les 3. Si les Voke veulent bien les laisser tranquilles! Eux qui ne pensent qu’à une chose: racheter la maison pour agrandir leur putain de garage…
Si vous avez grandi dans les années 80, vous vous souvenez forcément de L’été en pente douce, ce film réalisé par Gérard Krawczyk en 87. De son atmosphère étouffante et désenchantée. Et de son côté sordide qui vous met mal à l’aise. Et sûrement de Pauline Laffont aussi, nana pas très futée mais super bien roulée, qui fait tourner toutes les têtes des péquenots du coin. Eh bien, pour les 30 ans du film, celui qui avait écrit le roman dont le film est tiré, Pierre Pelot, a décidé de l’adapter en bande dessinée (mais en changeant la fin…). Dans laquelle on retrouve bien sûr le regard dur et sans concessions que Pelot porte sur la France des campagnes de ces années-là: les mecs sont des feignasses qui végètent dans leurs HLMs et ne pensent qu’à picoler pour oublier leur vie de merde. Et les nanas, pourvu qu’elles soient belles, ont toujours leur corps pour rêver d’une vie meilleure.
Si Pelot a décidé d’observer ce microcosme-là, c’est tout simplement parce que c’est celui qu’il connaît le mieux, étant né et habitant encore dans les Vosges. Car finalement, sa cible, c’est la nature humaine, obsédée par le sexe, et souvent frustrée, du coup, dans L’été en pente douce. Et envieuse, chacun calculant et essayant de manipuler l’autre pour arriver à ses fins (agrandir son garage, avoir une maison et un enfant, se débarrasser de ses voisins gênants). Et quand vous y ajoutez alcool, canicule et une jeune fille sexy en diable et peu farouche, cela ne peut que mener au drame…Un récit noir, très noir, malgré la chaleur et la luminosité éclatante de l’été, très bien rendus par les aquarelles de Chauzy, qui vous laisse groggy une fois le livre refermé.

(Récit complet – Fluide Glacial)

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