BD. Eva est une danseuse et chorégraphe reconnue. Ses 2 pièces, Fauve et Gloria Mundi, dérangeantes, sans compromis, lui ont apporté reconnaissance et succès. Mais la jeune femme se sent vidée. Elle ne ressent plus l’envie et la passion pour créer de nouveau. Elle est au bord du gouffre créatif. Son amie Suzanne décide de l’emmener avec elle à Bruxelles, où elle a été invitée, par son ancienne école de danse, à venir voir la représentation de fin de cursus de la nouvelle promo. Elle espère que la fougue et l’énergie de cette jeunesse va la rebooster…Eva a accepté l’invitation sans grand enthousiasme. Elle râle même quand la pièce commence, se demandant ce qu’elle fait là jusqu’à ce que Ian commence son duo et illumine la scène…
A partir de quel moment oublie-t-on nos convictions et nos rêves de changer le monde ? Est-ce le confort d’une vie agréable, le succès quand on est artiste, qui nous permet d’occulter ce qui auparavant nous révoltait : le traitement réservé aux migrants, la société de plus en plus liberticide ou notre incapacité à éviter la catastrophe climatique qui s’annonce ? Des questions qui sont au centre de Lumière Noire, récit qui nous entraîne, sans coup férir, dans son tourbillon graphique, au découpage plein de vie et d’énergie, abolissant même parfois les cases quand les protagonistes dansent. Dans cette histoire d’amour complexe entre Ian et Eva que Fauvel et Gilbert, qui ont ici tout fait à quatre mains, racontent avec tellement de vérité. Dans ce monde qui est le nôtre, simplement plus vieux de quelques années (on est ici dans une légère anticipation) qui voit certaines personnes fermer les yeux alors que l’on court à la catastrophe. Economique, humanitaire, climatique. Dans l’univers de la création et de ses mystères aussi. Avec une grande inspiration et une vraie inventivité (on pense notamment à ce conte qui a inspiré à Eva sa nouvelle pièce et qui vient s’intercaler au beau milieu du récit principal) qui aboutissent à quelques scènes très fortes et à des images vraiment marquantes. Un récit puissant.
(Récit complet, 204 pages – Rue de Sèvres)