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MADONES ET PUTAINS (Antico)

BD. 1911. A la mort de sa mère, assassinée (il la poignarda de 27 coups de couteau) par son amant qui refusait qu’elle le quitte, Agata Trigona est envoyée dans un sanatorium de Stromboli pour la tenir à l’écart de ce scandale par son père. Là, elle s’amuse à faire peur aux autres filles en racontant l’histoire de Sant ’Agata que le proconsul Quintien avait envoyée au lupanar puis lui avait fait arracher les seins devant son refus de l’épouser…Santa Lucia avait elle aussi été envoyée dans un lupanar quand, promise en mariage, elle refusa pour se vouer au Christ. On ne lui arracha pas les seins mais elle s’arracha elle-même les yeux avant de les apporter à son fiancé. Quand Di Luca, un homme d‘affaires tombé sous son charme, lui propose de l’emmener en week-end, les parents de Lucia acceptent tout de suite : elle que l’on avait tondue pendant la guerre pour avoir couché avec un allemand n’aura peut-être plus ce genre d’opportunité. Mais plutôt que Rome, la jeune femme demande à aller à Syracuse pour aller voir les reliques de Santa Lucia…Avec Agata et Lucia, Rosalia est l’une des grandes saintes patronnes de Sicile. Elle aussi refusa son mariage arrangé : elle s’enfuit et mena une vie d’ascète dans une grotte jusqu’à sa mort. La jeune Rosalia, 17 ans, se coupa comme elle du monde mais pour une autre raison : elle décida de briser l’omerta en aidant le juge Borsellino à démanteler deux clans mafieux qui contrôlaient son village natal pour venger la mort de son père et de son frère…

3 histoires pour montrer que rien ne change pour les femmes : Agata, Lucia et Rosalia ont beau avoir été béatifiées et être vénérées par les siciliens au cours de processions, beaucoup d’Agata, Lucia et Rosalia qui naquirent ensuite eurent le même destin brisé, empêchées d’avoir la vie qu’elles avaient choisie par les hommes et les règles qu’ils édictent. Des règles que beaucoup de femmes respectent et dans certains cas imposent elles-mêmes à leurs filles au nom de la religion et de la tradition. 3 récits noirs qui mêlent religion et hypocrisie, amour et intolérance, mort et envie de liberté portés par un dessin au pinceau et à l’encre sombre et spontané et une mise en page très libre qui s’affranchit de l’habituel gaufrier. D’ailleurs certaines cases ne sont constituées que de récitatifs. Un travail graphique très personnel pour un récit singulier mais un peu confus et difficile à suivre, la narration se perdant parfois dans des digressions ou anecdotes (on pense, par exemple, au mouvement artistique Incompiuto, par ailleurs intéressant) qui ne lui sont reliées que de façon trop artificielle et les récitatifs étant nombreux. Madones et putains reste néanmoins un cri féministe fort et original. Une belle occasion, aussi, de découvrir le travail de Nine Antico, si vous ne connaissez pas encore cette autrice.

(Récit complet, 144 pages – Aire libre/Dupuis)

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