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MADELEINE, RESISTANTE 2. L’Edredon rouge (Morvan et Riffaud/Bertail)

BD. Ce jour de 1994, année des 50 ans de la libération, où Raymond Aubrac l’a enjointe à « ouvrir sa gueule, à raconter comment ça s’est passé » pour éviter que tous les camarades morts à 17 ans ne tombent dans l’oubli, il a ranimé la mémoire de Madeleine Riffaud qui, depuis, raconte son expérience dans la résistance parisienne pendant la seconde guerre mondiale. Dans des écoles, des films documentaires et, depuis que Jean-David Morvan est venu la voir pour lui proposer ce projet, dans une série BD, Madeleine, résistante. Dans le deuxième tome qui vient de sortir, Madeleine raconte comment, petit à petit, elle prit de l’importance au sein des « Masses », qui se chargeaient du recrutement, des faux-papiers, du renseignement et des comités d’aide. Souvent en binôme avec Janson, « Rainer » (son nom de code inspiré du romancier Rainer Maria Rilke qui lui faisait penser à son amoureux de l’époque, Marcel), elle « réquisitionne » des machines à écrire, avertit les camarades dont les membres de groupes ont été arrêtés pour qu’ils entrent dans le brouillard (« dans la clandestinité », dans le jargon des résistants), vole de la nourriture à des épiciers collabos et même des armes à des soldats allemands après leur avoir tendu un piège. Mais depuis qu’elle a vu un groupe de la section M.O.I. (Main d’Œuvre Immigrée) en action à Odéon (ils ont fait exploser une troupe de soldats allemands en train de défiler pour faire la démonstration de la supériorité du Reich…), c’est décidé : elle aussi veut faire partie des francs-tireurs et des partisans comme Manouchian, Rajman ou Fontanot et passer à la lutte armée…

Un témoignage incroyablement fort et passionnant. Car Madeleine, malgré son âge (elle a plus de 90 ans), se souvient de tout : du caractère des uns et des autres, du courage des parisiens qui les aidaient dès qu’ils le pouvaient, du fonctionnement pyramidal des groupes pour éviter que tous ses membres ne soient démasqués, de la brutalité des allemands mais aussi de la difficulté de tuer un être humain…Une plongée hyper réaliste, rarement vue, dans le quotidien de la résistance qui doit beaucoup, en plus des anecdotes de première main incroyables (sur l’origine du problème d’élocution de Darcourt, le commandant FFI de Paris ; la façon dont, un soir où ils plastiquaient un convoi de camions allemands, le groupe de Madeleine s’en est tiré grâce à une improvisation de Paul ou encore la raison pour laquelle Picpus s’est fait avoir par un soldat allemand quai Henri IV…) qui jalonnent le récit, au travail graphique particulièrement fluide de Bertail, dont le trait réaliste, plein de vie et les aquarelles gris/bleues font littéralement revivre, sous  nos yeux, l’action héroïque de Madeleine et ses camarades pour la liberté. Un magnifique hommage en même temps qu’un rappel toujours aussi nécessaire !

(Série, 136 pages pour ce tome 2 – Aire Libre/Dupuis)

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