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NOUS SOMMES IMMORTELLES (Darkanian)

ROMAN. Paris, 2026. Janis n’avait jamais quitté la Goutte d’Or. Cet univers chaotique où se mêlaient boubous africains, youyous et putes était son monde. Gardienne de parking quatre nuits par semaine, elle espérait un jour ouvrir les yeux des galeristes sur son Art avec sa série Infrisme, dont le titre lui avait été inspiré par Diabologum, groupe de musique indé méconnu des années 90. Et puis les choses ont commencé à prendre une drôle de tournure. Des températures caniculaires dès le mois de mai. Ces enfants qui se volatilisaient sans laisser de trace. Des voix venant du passé qui semblent lui parler. Et, surtout, sa mère qui disparaît sans crier gare le jour de la sortie de son livre, L’Affliction de Médée, sa correspondance avec Carol Schäffer, une folle infanticide qui a passé les 30 dernières années de sa vie en prison…Janis pensait que cela faisait partie d’une sorte de plan mais quatre mois après, sa mère n’est pas réapparue. La voilà donc contrainte de partir à sa recherche. Dans tous les sens du terme car en discutant avec madame Otokor, la voisine, ou en replongeant dans ses lettres elle se rend compte qu’elle ne connaissait finalement pas grand-chose de sa mère, à part qu’elle lui citait L’Apocalypse pour un oui ou pour un non et lui disait qu’elles étaient des sorcières…

Drôle de livre que Nous sommes immortelles. Plongée surprenante et étrange dans l’histoire du quartier de la Goutte d’Or, de la Commune à l’arrivée des premiers immigrants en passant par Mai 68 à travers le destin de trois femmes : Jeanne, sa mère et sa fille Janis. Par lesquelles les voix de toutes les femmes oppressées, violées, battues, rabaissées ou brûlées, parce que considérées comme des « sorcières », par le passé, se font entendre.

Un récit dense et halluciné (Darkanian nous invite ici dans d’autres dimensions…), superbement écrit, qui mêle Janis Joplin, Mai 68, Brueghel l’ancien, les pétroleuses, magie ou encore Jeanne d’Arc dans un même souffle fantastique pour redire les luttes passées des femmes, et leur héritage, pour s’affranchir de la domination et de la violence masculine, avec ce vœu, en filigrane : que la femme « guide le monde vers autre chose que le capitalisme, les rapports de domination, la destruction ». Qu’elle le reconnecte à la nature aussi. Pas toujours facile à appréhender mais à la narration diablement maitrisée, Nous sommes immortelles, bel hommage aux progressistes, aux féministes et aux défenseurs de la contre-culture, est d’une indéniable originalité.

(Récit complet, 480 pages – Editions Anne carrière)

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