Album. Libre. C’est le premier mot qui vient à l’esprit quand on pense à Peter Kernel. Un groupe libre. Parce qu’il a son propre label. Et peut travailler à son propre rythme. Libre de réaliser un fantasme électro-pop avec Camilla Sparksss. Libre de mettre leur chat ou leur chien sur la pochette de leurs albums. Libre aussi d’utiliser un synthé kitsch très eighties (que l’on croirait tout droit sorti de Camilla Sparksss justement) sur There’s Nothing Like You, du violon sur The Secret of Happiness, de la trompette sur Pretty Perfect, de la guitare acoustique ou de la flûte sur Terrible Lluucck. C’est, du coup, un peu à prendre ou à laisser avec le duo canado-suisse. Et si l’on peut être parfois un peu déstabilisé, de prime abord, par certains choix, cette revendication est aussi, bien sûr, ce qui fait leur charme, puisque c’est ce qui leur permet d’être tout à fait eux-mêmes. Et de creuser un sillon de plus en plus personnel. Partis d’un art-punk inspiré mais pas forcément très original, le duo n’a cessé depuis d’expérimenter, d’innover pour se rapprocher de ce qu’il recherche: sincérité, émotion, communion. Ce qui explique pourquoi The Size of the Night ne se laisse pas appréhender aussi facilement qu’un White Death Black Heart plus direct et immédiat. Mais une fois qu’on l’a apprivoisé, ce Size of the Night, que l’on a dompté ses aspects les plus étonnants, quel plaisir de retrouver la complicité, évidente, qui fait véritablement partie de l’ADN de Peter Kernel, entre Aris et Barbara (en couple à la ville) symbolisé par ce chant partagé qui les voit quasiment dialoguer sur certains morceaux ou les riffs, souvent en arpèges, qui font toujours autant mouche d’Aris. Peter Kernel est de moins en moins rock, c’est vrai, mais de plus en plus personnel et toujours aussi touchant. Ce Size of the Night, une nouvelle fois très bon, en est la preuve manifeste !
(On the camper records)