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SPRAGUE (Rodolphe/Roman)

BD. A Goëm, en baie de Sprague. Comme tous les matins, Vivian et Niels sacrifient au rituel. Le premier sonde le sol en profondeur avec ses perches tandis que son frère s’élève dans le ciel à l’aide de ses toiles. Et comme à chaque fois, le constat est le même : la terre est complètement sèche et il n’y a pas une goutte à l’horizon. Deux expéditions sont déjà parties pour découvrir où et pourquoi la mer s’était retirée mais elles ne sont jamais revenues…Pourtant, les deux frères veulent comprendre. Ils en ont assez de scruter le ciel pour voir si la seconde lune, Loëfen, va réapparaître un jour. Alors, ils dérobent quelques livres à la bibliothèque et vont trouver le capitaine O’Greg avec une gredine de vieille poire pour le convaincre de les emmener sur son bateau, le Tapinoir…

Les habitués du travail de Rodolphe vont être en terre connue avec Sprague. Il y a même de grandes chances qu’ils aient un sentiment de déjà lu en découvrant ce nouveau récit qui reprend des thèmes (la quête des origines, l’importance de la mémoire collective…) et réutilise des idées entrevues dans ses récits de SF antérieurs, notamment Ter (également paru chez Daniel Maghen et dessiné par Dubois) et ses séries réalisées avec Léo pour Dargaud. Pourtant, Sprague fonctionne à merveille. On se laisse en effet très facilement emmené par la science de la narration de Rodolphe qui peut ici compter sur le magnifique travail graphique de Roman qui nous fait entrer avec un grand naturel dans son univers à la fois étrange et familier. Et pour cause, ces personnages, s’ils habitent une autre planète, sont bel et bien des humains tout comme nous…Le dessinateur met en effet en images cet univers néo-médiéval (comme dans Ter les hommes ont oublié leur passé ainsi qu’une grande partie de leur savoir technologique) avec inventivité et inspiration, que ce soit l’architecture, les vêtements ou la faune (la planète accueille une autre espèce, les Barons-rostres, des sortes d’insectes géants et bien sûr quelques animaux menaçants…). Son trait élégant et fin est, de plus, idéalement mis en valeur par la colorisation de Denis Béchu (dont le nom apparaît sur la couverture, ce qui n’est pas si fréquent pour un coloriste et démontre son importance dans le projet…), absolument superbe, juste parfaite dans un registre décalé et poétique. Bref, tous les ingrédients sont ici réunis pour une aventure dans l’espace à la fois surprenante et totalement dépaysante ! De la très belle ouvrage !

(Récit complet, 88 pages – Editions Daniel Maghen)

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