La valise est prête. Passeport et billets d’avion sont en règle. Cette fois, ça y est, quasiment 40 ans après avoir quitté la Corée du sud, Jung va enfin retourner dans son pays natal, lui qui a vécu en Belgique depuis que sa mère l’a abandonné sur le marché de Séoul alors qu’il n’avait que 5 ans et qu’il a été adopté par une famille du plat pays. Comme l’équipe de tournage qui l’accompagne (son autobiographie va être adaptée au cinéma et la production a convaincu Jung de le filmer pour ce voyage), nous suivons donc l’auteur dans ses retrouvailles géographiques.
Ce troisième et dernier tome (qui peut cependant se lire indépendamment du reste) est donc une sorte de journal de bord dessiné dans lequel Jung raconte les démarches qu’il effectue sur place pour avoir accès à son dossier d’enfant adopté ou retrouver la trace de ses parents biologiques, et livre, également, les sentiments, les émotions, les doutes aussi, qui l’assaillent dans ces moments si forts et particuliers pour lui (et qu’il avait dû imaginer à de nombreuses reprises), entre deux flash backs dans lesquels il revient sur sa jeunesse d’adopté.
Peut-être un ton en-dessous des premiers tomes (Jung n’apprend finalement pas grand chose de plus lors de son périple tant attendu), ce dernier opus peut néanmoins compter sur le ton juste (touchant mais aussi drôle –notre homme pratique souvent l’auto-dérision- pour éviter de tomber dans le pathos) et ce dessin au crayon fin et léger qui font, depuis le début, de « Couleur de peau : miel » un triptyque attachant. Un récit qui a, de plus, le mérite de parler d’un sujet rarement abordé en bandes dessinées – l’adoption- et des épreuves qu’elle engendre pour les enfants : déracinement, perte de repères, mal-être ou même dépression.
(Triptyque – Soleil)