BD. Les résultats de l’unité des homicides de Baltimore ne sont pas bons: le taux d’élucidation est tombé à 36% et il continue de chuter. Les supérieurs sont à cran et ont décidé de faire venir des hommes d’autres brigades pour épauler leurs gars. Et pendant ce temps-là, les meurtres continuent…Il y a notamment, et peut-être surtout, celui de Karen Smith, une conductrice de taxi retrouvée morte dans un parc et qui a été certainement violée en prime. Elle est la sixième femme à être assassinée dans le secteur en quelques mois. Les morts n’ont rien en commun mais ça, les journalistes s’en moquent. La rumeur d’un tueur en série ne va pas tarder à sortir dans les journaux. Et ça ne va pas arranger les affaires des enquêteurs…
Squarzoni poursuit son adaptation d’Homicide (livre qui est également à l’origine de la série TV The Wire, Sur écoute en français) de David Simon, une immersion pendant un an dans le quotidien des flics de l’unité des homicides de Baltimore, avec ce tome 3 toujours aussi enthousiasmant. Si Homicide est l’une des meilleures séries policières actuelles, c’est qu’elle est le fruit d’un travail d’observation de longue haleine très rigoureux, ce qui la rend particulièrement réaliste. Mais aussi, et surtout, parce que Simon et Squarzoni (dont les choix vont clairement dans ce sens) se concentrent autant (voire plus) sur le quotidien des inspecteurs que sur la résolution des affaires. Bien sûr, on suit les investigations (qui patinent un peu) de Landsman et Pellegrini autour du meurtre de la jeune Latonya Wallace ainsi que les autres affaires en cours mais ce qui intéresse vraiment les 2 auteurs, c’est tout ce qui concerne le boulot d’inspecteur et influe sur leur quotidien: leurs conditions de travail, la pression des statistiques, les nouvelles lois mises en vigueur pour protéger les droits des gardés à vue ou la fatigue psychologique qui les guette au bout de quelques années passées à traîner dans les recoins les plus sombres de l’âme humaine. L’un des chapitres les plus emballants de ce tome 3 analyse d’ailleurs avec brio la relation enquêteur/accusé lors de la garde à vue et la manipulation dont l’inspecteur doit faire preuve pour pouvoir contourner l’amendement Miranda (qui garantit le droit de garder le silence et celui de pouvoir faire appel à un avocat), après l’avoir lu, et faire parler l’accusé malgré tout. Un grand moment de psychologie et…d’hypocrisie !
(Série en 5 tomes au moins – Delcourt)