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LA DERNIERE NUIT D’ANNE BONNY (Richard/Ramirez)

BD. Il fallait bien que cela arrive un jour. Elle qui l’avait si souvent côtoyée lors d’abordages de riches galions espagnols et autres navires de commerce anglais dans ses plus beaux jours de pirate aux côté de John Rackham. On veut bien sûr parler de la mort qui est venue annoncer sa venue à Anne Bonny sur le marché du quartier français de La Nouvelle-Orléans. Pour le soir-même ! Il ne reste donc plus que quelques heures à la vieille dame pour mettre ses affaires en ordre avant le grand départ. D’abord transmettre sa « maison » à Apolline et lui expliquer comment gérer les filles et les clients. Puis rétablir certaines vérités sur son compte. Car Charles Johnson, par réflexe mysogine et pour être sûr que son livre trouverait le succès auprès du public anglais, n’a pas été très respectueux des faits dans le chapitre qu’il lui a consacré dans son Histoire des plus fameux pirates. Alors elle raconte ses mémoires à Apolline qui est chargée de prendre en note tout ce qu’elle lui confie…

Pour son premier scénario de bande dessinée, Claire Richard a en fait décidé d’adapter le podcast, La Dernière nuit d‘Anne Bonny, qu’elle a créé pour Arte radio. Et pour se démarquer des autres histoires de pirates qui sont sorties ces derniers temps, elle reprend son idée centrale très originale : confronter le récit qu’a fait Johnson, à l’issue de son procès, en 1724, avec ce que l’on sait vraiment d‘elle, c’est-à-dire pas grand-chose (deux historiens interviennent d’ailleurs régulièrement dans le récit pour le rappeler…). D’où l’idée de faire reprendre le récit par Anne Bonny elle-même pour montrer ses incohérences et y apporter des éclaircissements. La vieille pirate devenue tenancière de bordel (cela non plus n’est pas prouvé mais reste plausible…) revient donc ici sur sa naissance en Irlande puis son départ, avec sa mère (une servante qu’un avocat avait mise enceinte) et son père pour les Etats-Unis ; son enfance dans une plantation de Caroline ; son mariage, naïf (elle pensait connaître la grande aventure avec lui…) avec John Bonny, un marin puis sa rencontre avec John Rackham, avec qui elle mena la grande vie. Une vie de pirates passée à sillonner les mers des Caraïbes. Libre et joyeuse mais forcément courte…Sans oublier Mary Read.

Un récit très réussi, qui renouvelle le genre avec intelligence, en allant au-delà des préjugés (notamment sexistes) et du romanesque pour rendre justice à ce qu’étaient vraiment Anne Bonny et les pirates : des êtres épris de liberté et de soif de vivre. Mis en images d’un trait (qui tire parfois vers le manga) à la fois agréable et efficace par Ramirez. L’une des très bonnes BD de cette rentrée !

(Récit complet, 160 pages – Le Lombard)

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