BD. A l’orée de ses 50 ans, on a tendance à vouloir faire le bilan de sa vie. Et pour Patrick l’exercice s’avère déprimant. Toujours chez sa mère, célibataire, gardien au Louvre, renfermé et aigri, il donne l’impression d’attendre que sa vie commence. Un jour qu’il se trouve dans la salle de La Joconde lors d’une nocturne, une voix semble lui parler. Cette voix provient du tableau de Léonard de Vinci, elle l’appelle, l’incitant même à entrer dans ses paysages mystérieux…Un voyage dont Patrick reviendra changé…
Vous avez déjà entendu parler du syndrome de Stendhal, ce choc (que le romancier français avait subi lors d’un voyage à Florence en 1817) que l’on ressent face à une œuvre d’art et qui laisse des traces profondes. C’est la clé de voûte du scénario de Le Voyageur qui raconte la prise de conscience d’un homme qui réalise, grâce à une œuvre d’art (joli message…), qu’à 50 ans, il n’a pas encore vécu. Alors qu’enfant, il rêvait de devenir peintre, il est devenu un gardien du Louvre frustré. Et, surtout, il vit dans l’ombre de sa mère qui se comporte avec lui comme s’il était encore un enfant. Une histoire assez classique de Carpe Diem en fin de compte mais qui permet à Joël Alessandra de démontrer toute l’étendue de son talent avec une double identité graphique ici. Des bleus mélancoliques pour dépeindre la réalité, morne, de Patrick. Et de la couleur, éclatante et rayonnante, quand le gardien plonge dans La Joconde à la découverte de Florence et du monde de Vinci. Sa façon de travailler, sa soif de comprendre et les rêves qui le portaient. Le tout à l’aquarelle, comme d’habitude, bien entendu.
Un voyage un peu naïf par moments mais plaisant, porté par un très joli travail graphique. Que l’on peut approfondir grâce au cahier bonus, bien fourni, proposé dans cette belle édition par les éditions Daniel Maghen.
(Récit complet, 150 pages – Daniel Maghen)