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RETOUR A KILLYBEGS (Alary)

BD. Avril 2007. Tyrone Meehan est revenu à Killybegs, le village de son enfance. Depuis que sa trahison a été rendue publique par le MI5, les services secrets britanniques, il sait qu’il peut mourir à tout moment. Car processus de paix ou pas, l’IRA va avoir du mal à pardonner. A pardonner que l’une de ses figures historiques, l’un de ses héros, ait collaboré avec l’ennemi pendant près de 20 ans…Il sait qu’il va mourir mais il ne se cache pas. Il écrit. Pour raconter sa trahison. Et ainsi éviter que d’autres, qui ne le connaissent pas et ne connaissent peut-être même pas l’Irlande pour certains, ne le fassent à sa place. Car finalement c’est tout ce qui lui reste…

Il était logique qu’après Mon traître Alary adapte Retour à Killybegs car ces 2 romans de Chalandon fonctionnent ensemble, ils sont les 2 faces, indissociables, d’une même pièce narrative. Car après le point de vue d’Antoine (l’alter ego fictionnel de Sorj Chalandon, en fait) sur les événements en Irlande et la trahison de son ami Tyrone proposé dans Mon traître, c’est cette fois celui de Tyrone lui-même que l’on découvre dans Retour à Killybegs. Et au gré de son histoire, les courts chapitres nous font continuellement voyager entre présent de narration et passé : en 1942, lorsque Meehan trouva refuge en Irlande du Nord avec sa famille, à la mort de son père ; en 1969 lors de manifestations catholiques soutenues par l’IRA pour demander les mêmes droits que les protestants au cours desquelles son ami Danny trouva la mort ; dans les années 30 quand son père, enivré, clamait son amour de l’Irlande au pub du village ou en 1981 quand des agents du MI5 et de la Special Branch le sortirent de la prison de Long Kesh pour lui proposer de collaborer avec eux, pour donner à voir son parcours et comment il en est arrivé à trahir ce pays et ses frères d’armes qu’il aime tant.

Dessin et découpage sensibles et criant de vérité, mots forts et inspirés : cette superbe adaptation signée Pierre Alary est l’occasion d’une magnifique plongée dans l’histoire irlandaise : dans son combat pour la liberté, dans ses souffrances et ses deuils, dans sa violence et ses incohérences aussi. C’est aussi la mise en exergue, touchante, de la faiblesse d’un homme, et des Hommes, qui restent des pères, des maris, des frères avant d’être des combattants. Un diptyque marquant!

(Récit complet, 168 pages – Rue de Sèvres)


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