COMICS. Alors que l’on rejoue une scène de duel de Zorro pour la fêre des morts à la Vega, El Rojo, patron du cartel qui a mis toute la vallée sous sa coupe, débarque avec ses sbires et tue Antonio, l’acteur qui jouait le héros masqué, devant la foule médusée. Il veut éviter à tout prix qu’avec ses reconstitutions Alejandro donne des envies de révolte aux villageois…20 ans plus tard, les deux enfants d’Antonio ont suivi des trajectoires bien différentes : Rosa est conductrice pour El Rojo et Diego, muet depuis qu’il a vu son père mourir sous ses yeux, a été recueilli par Alejandro qui lui a appris à manier l’épée. Quand ce dernier est tué par les hommes d’El Rojo parce qu’il refuse qu’un tunnel pour acheminer de la drogue passe sous l’église, Diego revêt le masque de Zorro et prend son épée pour le venger…
Sean Murphy qui revisite le mythe de Zorro : bien sûr que l’on avait envie de voir ça ! D’autant que l’on restait sur un sentiment très contrasté avec son Batman Beyond The White Knight. Contrairement à Allary qui avait décidé de revenir aux racines du mythe de Zorro pour son très réussi Don Vega, Murphy a, quant à lui, décidé de le faire revivre au travers d’Antonio dans notre XXIe siècle. Cette fois, Zorro ne se bat pas contre la tyrannie et l’oppression des colons espagnols mais contre un cartel de drogue mexicain, dont l’un des chefs, El Rojo, fait régner la terreur dans toute la vallée de la Vega, obligeant, notamment, tous les paysans du coin à cultiver du pavot pour son compte s’ils veulent qu’il laisse leurs familles tranquille…Le tout avec l’assentiment de la police, que l’on devine bien corrompue…Une idée plutôt bien vue qui permet de dépoussiérer la figure mythique de Zorro : si l’action est, bien sûr, omniprésente, les combats ne se font ici pas seulement à l’épée mais aussi au fusil d’assaut…ce qui donne des scène spectaculaires efficacement chorégraphiées (dessin vivant, découpage nerveux…) par Murphy. Malgré tout, ce Zorro ne convainc pas totalement car une fois la surprise de ce Zorro version contemporaine dévoilée, le récit peine à nous tenir en haleine jusqu’au bout. Notamment parce que certains aspects du scénario manquent de crédibilité (le fait que Rosa travaille pour l’assassin de son père, par exemple, ou la rédemption, peu vraisemblable, de Trejo…). On doit aussi avouer que le parallèle que fait Murphy, à plusieurs reprises, entre Zorro et le Saint-Esprit, nous dérange quelque peu…Au final, ce Zorro s’avère être un bon récit, divertissant et efficace, sans être incontournable comme Punk-rock Jesus, autre récit de Murphy, peut l’être…
(Récit complet, 128 pages – Urban Comics)